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En avant !
En avant !
Dans une obscurité d’épouvante
et parmi la sourde rumeur des pins sauvages
que la tempête fouettait comme des esclaves,
on entendit, tel un gémissement de renard,
un sifflement apeuré.
Et une plainte angoissée, à faire froid dans le dos,
répondit du fin fond des fourrés,
à ce sifflement apeuré,
accroissant au plus profond de l’âme la tristesse
qu’éveillait le rauque murmure de la rivière.
Entre les rives noires, paisibles et lentes,
comme l’esprit abattu
entre la tristesse des remords et l’espérance,
elle allait au fil du vent,
coulant vers les vastes lointains.
Mais près des longues berges,
mystérieusement tapie, une sentinelle
dans une barque du Miño était postée ;
et, veillant, l’arme à la main,
à travers le branchage, guettait.Rosalia de Castro (1837 - 1885)
traduit du galicien par Jean-Pierre Tardif
in Tiens n°9 (2000).
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