Armand Gatti M. Lochu
De l’anarchie comme battements d’ailes (4 vol)
Armand Gatti
Éditions Syllepse 2001, 2002.
Pour ceux qui n’ont pas lu l’extraordinaire Armand Gatti, c’est-à-dire, voyagé en conscience dans les milliers de pages ou d’instants de son théâtre, de sa poésie, de ses reportages ou de ses films, jusqu’à La Parole errante, un livre-somme de 1750 pages, croisement d’expériences, de connaissances et de combats exposés par un fou impeccable, plein d’humour, de génie (oui), pour ceux-là, le modeste Mouton fiévreux, sis en quiète campagne, conseille la lecture des petits ouvrages parus récemment de ce Gatti Armand. De l’anarchie comme battements d’ailes, c’est un en-deçà biographique du poète, l’occasion de découvrir son père : Auguste, éboueur, militant anarchiste aux abattoirs de Chicago, puis massacré par la police à Monaco ; découvrir son grand-père qui transforma les docks du port de Marseille en jardin japonais, en passant par les questions des vagues sur la Méditerranée : “Faut-il faire de chaque homme qui bat des ailes un perdant de l’histoire ? L’histoire n’est elle qu’un tombeau ou entasser les rêves de l’homme et de ses mots ?” Un dialogue debout face à la mémoire hanté de ce toujours enfant (né en 1924) qui rejoignit le maquis Corrézien à 17 ans, s’engagea plus tard près des révolutionnaires au Guatemala, au Nicaragua, et anime depuis plus trente ans des expériences théâtrales sans précédents avec des chômeurs, des prisonniers, réprouvés à qui Gatti fait vivre les mots, chargés de faire exploser la société. Le lecteur attrape les mots au vol et, parfois, il se prend à battre des ailes, à goûter un peu de liberté combattante.
M. Lochu
Le Mouton fiévreux (2e série) n°3, 2002