• nuit du 21 octobre 2009

    Michel Dugué

    Écologie & Politique

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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    L’usure, c’est la pierre. Elle en constitue l’allégorie. Qu’elle soit arrondie ou hérissée d’arêtes, elle évoque le raclement d’une lime ou d’un rabot. Elle illustre les commencements et les fins dans une élémentaire complicité avec les éléments. Une communion allais-je dire. Le mot cathédrale ne serait pas déplacé, ses vestiges tut au moins. Au gré de l’éclairage l’œil découvre des gargouilles, des piliers tronqués, des porches éboulés, quelques gisants, des corps de Jugement Dernier. Évidemment l’art du statuaire n’aura fait qu’ébaucher.

    Des soubresauts on peut dire cela ; un chantier de soubresauts. C’est Porz Scaff, à la fin de l’automne, entre deux pluies.

    Sous l’abri qui le matin sert aux enfants pour attendre le car scolaire, trois retraités conversent, observent les Sept-Îles, se partagent une bouteille de vin. C’est la sortie de l’après-midi. Manière de dire leur nostalgie du bistrot fermé il y a une quinzaine d’années, au décès de sa propriétaire. Le bourg est trop éloigné pour leurs jambes, alors l’Abribus… !

    L’âge permet de s’accommoder de l’hiver. Il a appris la patience. La pluie est une bonne maîtresse. Son étoffe, sans cesse rapiécée, occupe la journée. Elle n’a rien de funèbre. C’est l’animatrice des heures.

    […]

    Michel Dugué
    in Éléments, formes, nuages
    Éd. Dana, 2000.


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