Vers les déboires les illusions lichens qui ne tiennent que par la terre à la forêt où l’on s’engouffre comme dans une grotte pour ne jamais en ressortir
Le vent déchire les branches à l’automne la nuit les démons viennent vous mordre le bout des pieds Des Elfes parlent des étoiles mortes et de celles qui vont mourir bientôt
Étendus depuis bien des lunes nos corps pensaient à s’endormir lorsque tu allais lentement te noyer dans la mémoire des autres telle une divinité fourbe au cœur des peuplades primitives
Ange de l’espèce humaine
C’était un suicide une résolution j’en ai rêvé longtemps comme l’on prend une légende avec méfiance puis avec tendresse tu as plongé de trop haut dans un imaginaire trop grand
L’atmosphère y était lourde et la végétation baroque sur une terre aqueuse et désordonnée
L’agonie
je ne m’en souviens plus
des larmes
beaucoup de larmes
ton visage
quelques géométries aiguës
je pleurais alors sur ces images
ces phrases blanches et noires
c’était là toute ma luxure
L’alchimie d’un corps sulfureux
décrivant au fil des transhumances séculaires
ces races d’hommes que l’on n’exprime plus
La vie s’écoulait
livide
et rouge
je devenais belle
lotus qui transpire les embruns
sous une cascade d’eau hasardeuse
source inépuisable de désir atomisé
Tu étais songe et tu devenais succulence
pour les arbres
nourriture consensuelle
pour les plantes
philtre délicieux
issu du cep onirique
Tu seras ma terre
et je m’allongerai sur ta végétation luxuriante
Aux heures suggestives
il n’y avait ni bruit
ni parasite
pas d’odeur
une fraîcheur verte gonflait et étouffait l’espoir
et vice versa
Tu disparaissais
passage dans les cavernes peintes
fragment de texte
que l’on cherche dans les livres volés
jardin donnant sur labyrinthe
Ton image
à la croisée des latitudes
dévisage les équations des lois naturelles
Ton corps n’est pas à toi
et je n’existe que par la mémoire
des peuples que tu as adorés
Aux autres compagnons
aux exilés
aux enfermés
aux inutiles
Christine Imbert in Portrait de l'éditeur en montreur d'ours (Les Amis de L'Ether Vague, 1999)
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