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Écluse
oui mon amie
oui morte ou menthe
oui
que le temps et la tête sonnent plus creux
plus noir plus osseux
que le sol bave à la paume décharnée de tes mains noires
que le palais mange ses enfants
avale et détruise les parapets
et que l'eau
avale le pont
la vallée
le personnage accoudé à la ville et qui lâche les lions dans la nuit
le réverbère où grince un pendu
le vent de janvier
et les roses pâles s'effaçant sous la neige
prenant la couleur de la neige
les sens intangibles de la neige
oui la blancheur qui recouvre
le drap
le terme d'une longue soustraction
oui mon amie de menthe morte
où t'es-tu échouée dans ta lente descente
contre les bords de quels navires
ton corps est-il venu se jeter et se jeter
tes os se rompre
ton front si blanc - il neige au-dehors -
éclater comme un fruit pourri
tes yeux rouler au fond de l'estuaire
tes yeux d'algues marines
tes yeux englués de goémons
qui s'enfoncent dans la vase du portin revue L'Impromtu, n°2
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