• Fragments d'intensité (extraits)

     Luca Hees

     Mouvement 1


    Ce fut une aube tapissée miroirs brouillard
    Entre mémoire qui en 7 couteaux bien réels
    Rennes donc les boulevards sans états d’âme
    Me disaient si tu ouvrais la porte
    Eternellement les yeux aussi
    Du rêve serpente sur ta peau livide
    Ce cri d’eau folle ce bleu désir
    Une rage enfouie à étreindre
    Plus vite que le rythme de la nuit givrée des marbres
    J’étais hors d’haleine sur la plage de mes pas
    parce que plus directement l’éventail des jambes fugitives
    Tendre le large donc presser cœur contre vague
    Et la vision : du grand écart à l’éclat total
    Hors du flou plié comme 2 portes nulle part
    Pulsations pouls mental et en quête de volts
    J’étais hors d’haleine sur la plage de mes pas 
    Tout le sang foudroyant du vivre révolté
    Enchaîné tout plein d’ailes déchaînées
    Battant les membres engourdis de manque
    Mon adolescence nue sous sa cape de feu
    Et froidement mon ombre tenue à distance
    J’étais hors d’haleine sur la plage de mes pas
    Parler brûler les cendres avec des vers
    Aiguilles de nerfs éperonnant l’exactitude
    Des instants au lever rapide de la voix
    La nuit d’encre a un goût de sel d’être
    J’y soufflerai donc des baisers de braises
    Trous sur la langue tremplin dans le vertige
    Ce fut une aube tapissée miroirs brouillard
    Pour une présence brute, brute et réelle


     
    Rachel astille  
    (sur un thème de Walter de la Mare)

    Rachel chante doucement folle
    Ce rock bottom sous les talons aiguilles 
    Des bleus de blanches roses papillonnent l’horizon
    La nuit à son doigt épelle son corsage lierre
    Et il y a des moments heurtés en porcelaine
    Un vase vide ce que parfois oui parfois
    Le cœur battant cœur frisant de Rachel
    Sa pente invisible, de prisme glace
    Cette blessure à noircir au khôl dira-t-elle
    Elle est peut-être d’avant la blessure
    Étrange éclipse de l’enfance
    Elle est peut-être d’avant la blessure
    Féerie purement pourquoi fracassée
    Rachel d’un lointain plus ou moins la peau
    Quelques mille printemps échappés comme ça
    Qui riment avec parti, perdu, poussière
    Elle en sait ainsi Rachel des chutes noires
    Elle sait des neiges tissées entre les lignes...
    Sa main souple délicate après son empreinte...
    Courant également des pacifiques de ruines
    Mais Rachel Rachel chante à la fin de toi de tout
    S’entrelacent parfums satins l’évanouissement
    Un bouquet de verre très fragilement
    La silhouette du frisson mêlée à des peurs sables
    Soudain Londres derrière et Dickens
    L’immobilité secrète d’une brume sensuelle
    Chante doucement Rachel le pourras-tu ?
    Les chanter folle les mots ourlets de clarté prochaine
    Si le feu du jour se réveille dedans sa poitrine
    Le Sufflok de maintes années-lumière
    Le Sufflok de maintes années-lumière



    Luca Hees 
    Extrait de Fragments d’intensité

    Tiens n°9, 2000. 

     


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