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Fragments d'intensité (extraits)
Mouvement 1
Ce fut une aube tapissée miroirs brouillard
Entre mémoire qui en 7 couteaux bien réels
Rennes donc les boulevards sans états d’âme
Me disaient si tu ouvrais la porte
Eternellement les yeux aussi
Du rêve serpente sur ta peau livide
Ce cri d’eau folle ce bleu désir
Une rage enfouie à étreindre
Plus vite que le rythme de la nuit givrée des marbres
J’étais hors d’haleine sur la plage de mes pas
parce que plus directement l’éventail des jambes fugitives
Tendre le large donc presser cœur contre vague
Et la vision : du grand écart à l’éclat total
Hors du flou plié comme 2 portes nulle part
Pulsations pouls mental et en quête de volts
J’étais hors d’haleine sur la plage de mes pas
Tout le sang foudroyant du vivre révolté
Enchaîné tout plein d’ailes déchaînées
Battant les membres engourdis de manque
Mon adolescence nue sous sa cape de feu
Et froidement mon ombre tenue à distance
J’étais hors d’haleine sur la plage de mes pas
Parler brûler les cendres avec des vers
Aiguilles de nerfs éperonnant l’exactitude
Des instants au lever rapide de la voix
La nuit d’encre a un goût de sel d’être
J’y soufflerai donc des baisers de braises
Trous sur la langue tremplin dans le vertige
Ce fut une aube tapissée miroirs brouillard
Pour une présence brute, brute et réelle
Rachel astille
(sur un thème de Walter de la Mare)
Rachel chante doucement folle
Ce rock bottom sous les talons aiguilles
Des bleus de blanches roses papillonnent l’horizon
La nuit à son doigt épelle son corsage lierre
Et il y a des moments heurtés en porcelaine
Un vase vide ce que parfois oui parfois
Le cœur battant cœur frisant de Rachel
Sa pente invisible, de prisme glace
Cette blessure à noircir au khôl dira-t-elle
Elle est peut-être d’avant la blessure
Étrange éclipse de l’enfance
Elle est peut-être d’avant la blessure
Féerie purement pourquoi fracassée
Rachel d’un lointain plus ou moins la peau
Quelques mille printemps échappés comme ça
Qui riment avec parti, perdu, poussière
Elle en sait ainsi Rachel des chutes noires
Elle sait des neiges tissées entre les lignes...
Sa main souple délicate après son empreinte...
Courant également des pacifiques de ruines
Mais Rachel Rachel chante à la fin de toi de tout
S’entrelacent parfums satins l’évanouissement
Un bouquet de verre très fragilement
La silhouette du frisson mêlée à des peurs sables
Soudain Londres derrière et Dickens
L’immobilité secrète d’une brume sensuelle
Chante doucement Rachel le pourras-tu ?
Les chanter folle les mots ourlets de clarté prochaine
Si le feu du jour se réveille dedans sa poitrine
Le Sufflok de maintes années-lumière
Le Sufflok de maintes années-lumière
Luca Hees
Extrait de Fragments d’intensité
Tiens n°9, 2000.
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