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L'aliénation silencieuse
Chaque geste est faux et ils vont se
réveiller
Ton calvaire va finir ! ricanent-ils
Tu arraches les touffes avec les mains - tout est mièvre
Pour quelle évidence cracher ces ambages biaisés quasi dictés
Les voix s’entrechoquent et implorent leur existence
Chaque geste tord ce qui n’a pas lieu
On semble bouger
dans l’envers le plus bête toujours plus noyé
Les lieux communs défilent et sentent le trou
Mais c’est vrai
Oui : tu es une bouche édentée un gamin trop estropié
Qu’attends-tu ,
Tu t’accapares le bien des Autres ! Vieille carne !
Poumons creux !
Poumons défoncés par l’affameur du dimanche !
On va t’arracher ce qui te reste d’yeux
Ta jactance d’affreux et de malade
Ne nous attendrit pas.
Oui. Oui. Tout cela est juste. Sauf votre cœur sec. Vous n’irez
pas très loin avec cette mine fermée.
Moi, jardinier agonisant
Brin de terre
Chaque geste entrave le temps d’intégrité réservée
Ta faiblesse jure
Elle offense le jet d’épaules
Elle nous esquinte
Chaque geste vieux tombeau
Sans âge
Chaque geste et son reniement
Chaque geste
Disparaît
sous la terre brumeuse
Gérard Lemaire
Tiens n°5
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