• La Fiancée vespérale (extrait)

    Claude-Lucien Cauët

     

    à la minute alanguie sur le marbre de la chaussée
    au souffle de lumière qui irise le lac
    nos mains de gentiane s’enveloppent en retenant nos sueurs au parfum de bois et de mousse
    marche nuptiale à la mode parsemée de rires dans nos mandibules déhanchées
    les canards se moquent
    les musiciens s’accordent
    et nous cherchons l’égarement qui rejouera la peur des contes enfantins

    au carrefour des escarmouches
    le vent porte un avion de papier sur lequel sont inscrits nos serments à l’encre inflammable
    la feuille d’un sycomore et dans ses branches hautes une dame blanche me regarde
    et nous guide vers le havre de nos délires
    les arcanes de ta bouche raidissent mon verbe d’orgueil
    tant que je parlerai tu ne souffriras pas
    tant que tu parleras je resterai vivant

    en t’encerclant dans mon corral à cran je possède ton corps simple apprivoisé de sa grâce
    il vibre à l’accroche de mes doigts
    explose sur la toile des légendes et s’en vient à l’envi
    je tiens dans mes bras le début et la fin
    tu le sais
    en tes reins qui portent ce qui les entoure
    et la charge du monde
    mine de rien ce n’est pas aller si loin
    des galaxies les amas sont là que j’enfourne à la pelle dans le brasier de ton urgence
    comme tu t’étonnes de tant d’ampleur j’absorbe ton visage
    mes mains te captivent
    je suis le ferment de tes images
    le héraut de tes oracles
    et le prince de tes enceintes

     

    Claude-Lucien Cauët

     

    &

     

    D’ici quelque temps je partirai
    pantelante et grimée le cynisme

    Il m’emmènera
    la tête mille fois de bonze
    et nous exécuterons les rhapsodies
    où heurts et crans d’arrêt se fractionnent

    J’emprunterai les leurres et les quidams
    dévisagerai une jambe au galbe de mort subite
    le calfeutrerai
    le retournerai
    aspirée de son écume aux grimoires

    Les dystrophies d’une espace
    les lendemains sculptés
    de nos vertiges aux toiles de charmeuse
    l’inénarrable courtisan

    Je lui rendrai ses cils et ses lèvres
    juste un instant
    me les recoudrai de suite
    la patine exaucée

    Il saignera le bourgeon équivoque
    aux plumes d’un pourtant bariolé
    de nos sinueuses je capterai les cafards
    les danses
    les bijoux de nos algorithmes

    Quelles que soient ses griffures
    ses essaims encastrés
    je tanguerai chamades et pourtours
    aux filins d’acier

    Alice Massénat 

     

     


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