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Morte d'Athur
Nothing de Rimbe
Delahaye à Verlaine
Morte d’Arthur
un vieux clou rouillé le ridule
et le caricouture
outrage outré
les cheveux gris à la géhenne
à moins de trente-sept ans
farci farcesque unijambiste
le mal le vide d’un côté
et son bras gauche se décharne
quand l’autre double de volume
lui redonne des formes
il tangue et roule vers la fin
immobile rongé
c’est dans sa chair en viande
un cancer insensé
tout du corps se délabre
s’effondre sur du vide
yeux caves renfoncés
cernés à la mine de plomb
migraines pulsatives
rêve effrayant qui souvent le réveille
d’un coup au cœur et à la tête
et il est dur comme un pilon de bois
dans des suées par tous les temps
et il noie il délire partout
une paralysie progresse en nappe
et le cimente
Ça se retire du dedans
constipation ne pisse plus
sa seule jambe toujours froide
et son œil gauche se ferme
Rimbaud sur ton tout dernier drap
le même depuis plusieurs jours
- qu’on le touche et il hurle ! -
il souffre le martyre
ô la pauvre tronche à machin !
ce qui s’achève de son corps
se décompose en vers
élans furieux horreurs criées
reptations sourdes sous la peau
purulentes malédictions
ça fait tellement ce bout de vie
qu’on a dû lui couper si haut
l’espoir tranché
trop près de cœur il pleure
se voit tronçon fini bûche sciée
par des dents rouges vraies canines
il pleure il jure sur l’enfer
de ses années si dures satanées
tous ses malheurs
et ce temps si long à tuer
tout cet ennui mortel et dissolvant
mais il vivait
ô qu’il voudrait regoûter sa misère
ressuçoter sa guigne et ses crayons
il faisait pourtant triste mine
sur ses comptes de négociant raté
trafiquant de l’espoir exotique
ô repartir avant de s’en aller !
filer oui se sauver encore
rêver des villes d’or brillant
dans la rouille du monde
reconnaître des routes vierges
en cavalcade qui dévalent
avant de remonter à pic
et de gravir à même la chaleur torride
heures salées qui brûlent comme acides
jours en haillons troués marches perforantes
un squelette amputé
tout écorché du lit râpeux
la mort le bourre le difforme
une tumeur lui monte sur la hanche gauche
un vrai ballon de pourriture au ventre
on vient le visiter la
science observe les ravages
des médecins - mais sans s’éterniser -
Il pleure en leur parlant de ses visions
avec douceur
voient-ils les mêmes choses ?
il ne dort plus on le morphine
peu à peu ses organes se taisent
sur des plaques de ouate
entouré de flanelle
le reste de ses pauvres membres
paralysés si mutilés
silence autour de lui
il s’est tu si souvent
(toujours ça le prenait par crises
les dents soudées au mors
dans des accès virulents de mutisme)
sa bouche sa dernière plaie
avec son cœur le dernier point qui bouge
sa bouche donc aux derniers temps
aurait cessé le flot de ses blasphèmes
laissé la source vivre en fleuve
(“on me croit fou” soufflait-il à sa sœur)
en liberté des choses étonnantes
si hautes suaves fluant
dans sa dernière mauvaise haleine
comme un grand rêve de bonheur
tous ses abcès crevés en illuminations
*
Jean-Nicolas-Arthur Rimbaud
mort à la Conception
loin des poètes de Paris
qui portent des souliers gris
Pimpon d’or l
a plus belle, la plus belle
Pimpon d’or
la plus belle est en dehors !Patrice Repusseau
in revue Faire Part n°2 (1982) & Tiens n°9 (2000)
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