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Poèmes de Montgiroux (Patrice Repusseau)
bout des branchages nus
le lacis des ramilles
trame le jour
et forme un tissu neuf
imperceptible tout tremblant
encore à mi-chemin
de la vapeur et du tangible
ça vibre là intensément
dans ce réseau entrelacé
de vaisseaux minuscules
et de filets nerveux
trémulation secrète
une lumière cligne
foyer vibrant
affleurant dans ta vue
comme si l'œil caché
qui en tout point te voit
voulait se densifier
et naître à ton regard de chair !Montgiroux, le 2 février 97
***
branches nues de l'hiver
sur un après-midi bleu d'or
l'air est corpusculaire
presque grenu de grand silence
la cime des arbres têtards
brosse le ciel immaculé
de même la crête du bois
qui frange le haut de la rive
dans le faisceau des scions
palpite la lumière
et le jour s'y accroît
une incroyable oscillation de vie
où danserait le feu sacré
des moindres manifestations
visibles
et invisibles !Montgiroux, le 4 février 1997
***
chemin faisant
en cet instant de mai
brise douce je bruis
friture dans mes frondaisons
il m’arrive de rissoler
ou même je ris franchement
je danse autour des troncs
d’un coup je torsade mes arbres
je coule de source je flue
tout m’est scintillement
l’écaille des risées
comme les poissons minuscules
vaste ondoiement ou traits tirés
- volées vives d’éclairs -
je file sous la peau de l’eau
je flotte et moire ma surface
je brille haut
si bleu le fleuve immensément
je pousse à pleines rives vertes
en une profusion d’odeurs
en fait je suis poussé
car sans volonté propre
je bourgeonne parmi les tiges
bourdonne sur les feuilles
entre des points blancs jaunes rouges
et des mauves si délicats
je me promène
j’avance sur le chemin de halage
et ce faisant
je me dirige vers moi-même
je vais là d’où je viens
sans cesse je m’explore !in Tiens n°4 (1997)
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